samedi 30 janvier 2010
Café philo du 29 janvier 2010 - compte rendu
"Je suis un Brésilien de pure race, c'est-à-dire un mélange de Portugais, de Noir, d'Indien, d'Italien, peut-être aussi d'Allemand et de Juif" (Jorge Amado)
Nos identités sont-elles multiples ?
Plus de 40 personnes, dont un bon nombre de nouveaux participants, se sont réunies ce vendredi 29 janvier 2010 dans la boulangerie-pâtisserie Piérol de Margency. Comme chaque fois, nous avons été chaleureusement accueillis par Aurélia et Antony. Il convient de les remercier pour le supplément de travail que nous leur causons. Voici un essai de synthèse des réflexions qui ont fusé au cours de cette soirée très animée.
L’identité nationale, en débat aujourd’hui en France pour des raisons de stratégies politiques et électorales, n’est qu’un des aspects du concept d’identité.
La différenciation et les interactions du soi et du non-soi sont à la base de toute création et de toute évolution. « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre » dit le livre de la Genèse. Des entités porteuses d’identités propres existent à toutes les échelles de tailles de la matière inerte, des êtres vivants et des organisations d’origines humaines.
Les identités sont caractérisées par une multiplicité d’aspects et propriétés.
Toute entité est tributaire pour sa survie des autres entités du même type ainsi que de ses rapports avec les entités sous- et sur-ordonnées. Elles se construisent par influences réciproques, mélanges, métamorphoses et évolutions individuelles ou collectives.
Le soi et le non-soi sont plus ou moins imbriqués selon le point de vue et les échelles d’observation. Exemples, les symbioses, les cultures, les langues, les races, les groupes sociaux.
Dans les systèmes complexes, le phénomène d’émergence fait apparaître des propriétés et des identités souvent imprévisibles.
Les identités humaines sont caractérisées par deux échelles de tailles et de fonctionnement : l’individuelle et la collective.
L’identité de l’individu est la résultante de son patrimoine génétique, de sa formation par son environnement, des hasards de la vie et de son libre-arbitre. Le poids respectif de chacune de ces composantes est essentiellement variable au cours de la vie et d’un individu à l’autre. L'identité évolue au cours de la vie. Elle est aussi fonction, à tort ou à raison, du regard de l’autre sur la personne et sa collectivité d'appartenance. Mais on perd son âme lorsqu’on n’existe que par le regard de l’autre. Il y a un équilibre à trouver entre l’être et le paraître.
Des identités collectives ont toujours émergé et structuré naturellement les groupes humains (sang, famille, clan, nations, religion, travail). Elles représentent pour les individus, globalement et à long terme, des avantages sélectifs dans le domaine de l’espérance de vie, de la sécurité, de la transmission de savoirs et de la mise en commun des ressources matérielles. Les identités collectives font le plus souvent appel à des normes relativement rigoureuses et sont, dans ce sens, moins complexes à caractériser que des identités individuelles. Ces identités collectives génèrent des hiérarchies sociales plus ou moins avantageuses ou contraignantes pour l’individu. Les religions ou les Etats, pour l’essentiel, contribuent à donner du sens à la vie de chacun et faciliter le vivre-ensemble. Ces identités collectives s’appuient souvent sur la désidentification et la distanciation, voir l’inimitié par rapport aux autres identités. A l’intérieur, ce sont souvent encore des instruments de pouvoir, voire d’oppression et de domination au service de clans particuliers. Certaines identités sont meurtrières, selon Amin Maalouf.
Tout comme les espèces vivantes, les identités collectives ont sans cesse évolué au cours de l’histoire par l’équilibre instable entre le repli sur le soi et le mélange avec le non-soi.
La conception traditionnelle du soi dans le domaine social est appelée à de profondes révisions par la mondialisation des déplacements rapides d’humains, de savoirs, d’informations et de marchandises.
Une partie du débat a porté sur les différences subtiles de sens des termes soi, identité, personnalité, caractéristique, caractérisation.
Des similarités ont été vues entre les problèmes d’intégration des populations immigrées et les chocs culturels lors de fusions de grandes entreprises.
La peur de perte des repères a fait l’objet de nombreux développements.
Quelques remarques notées au passage :
Le Je c’est le jeu de chacun.
Le Je n’a qu’un sens grammatical.
Le code génétique est différent du soi.
Le soi est un invariant.
Le droit structure les identités.
Les Allemands de l’Est ont toujours des problèmes d’identité, vingt ans après la chute du Mur.
La dégradation de la langue française est un signe de la dissolution des identités.
Les enfants adoptés perdent-ils une partie de leur identité ?
L’identité individuelle est la somme des identités collectives acceptées par chacun.
L’école nous construit.
Je voyage beaucoup, je ne vois ni la couleur ni la religion des gens.
La laïcité et la république sont des instruments efficaces de gestion des identités.
dimanche 17 janvier 2010
Port-au-Prince 2010 – Lisbonne 1755
Le 1er novembre 1755, un tremblement de terre, suivi d'un raz-de-marée et d'incendies, ravagea Lisbonne. On compta 30.000 victimes. Voltaire, composa le « POÈME SUR LE DÉSASTRE DE LISBONNE OU EXAMEN DE CET AXIOME :"TOUT EST BIEN" ». Il y réfute les thèses optimistes défendues par Leibniz, Pope et Wolf, qui affirment que le monde créé par Dieu est organisé par la Providence de manière à ce qu'un Mal nécessaire soit compensé par un Bien toujours plus grand. Ce poème avait attisé un vif débat entre Voltaire et Rousseau, consultable sur http://www.site-magister.com/volrous2.htm.
Voici le début du poème :
O malheureux mortels! ô terre déplorable!
O de tous les mortels assemblage effroyable!
D'inutiles douleurs éternel entretien!
Philosophes trompés qui criez: "Tout est bien"
Accourez, contemplez ces ruines affreuses
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours!
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: "C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix"?
O de tous les mortels assemblage effroyable!
D'inutiles douleurs éternel entretien!
Philosophes trompés qui criez: "Tout est bien"
Accourez, contemplez ces ruines affreuses
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours!
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: "C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix"?
.....
La suite sur http://athena.unige.ch/athena/voltaire/volt_lis.html
vendredi 8 janvier 2010
vendredi 1 janvier 2010
Meilleurs voeux 2010
Meilleurs voeux pour 2010 à tous les amis présents et futurs ainsi qu'à la sagesse rencontrés sur le Chemin du philosophe.
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