Qui sommes-nous ?

PRESENTATION

L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

2)  L’organisation de cafés philos, de conférences, d’ateliers de lecture, de sorties à thèmes en forêt.

3)  La maintenance de ce blog qui tient à jour le programme des activités et qui les archive depuis 2008.

+ Retrouvez facilement le site Internet du Chemin du philosophe en tapant "cheminphilo" sur un moteur de recherche Internet.

+ Pour découvrir le Chemin du philosophe en forêt : un petit film .

+ Pour télécharger la brochure 2021 du Chemin du Philosophe.

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+ Pour trouver le Chemin du Philosophe : carte (avec le GPS, programmer 179, rue de Paris, Montlignon, le parking est proche).

+ La participation aux activités de l'association implique une éthique de neutralité et de tolérance ainsi qu'une étiquette de courtoisie. L’accès est libre à la plupart des activités.

+ Pour soutenir et adhérer à l'association ou renouveler annuellement : Bulletin d'adhésion.

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Station "L'homme et le cosmos"

Station "L'homme et le cosmos"
Cadran solaire analemmatique - juin 2014

Programme

Programme des activités à venir (cliquez sur le lien)


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Fonction Sound est limitée à 200 caractères

samedi 26 avril 2014

Compte rendu du café philo du 25 avril 2014, une morale sans Dieu ?







Nous étions vingt-quatre personnes à participer à ce café philo, le vendredi 25 avril 2014, au centre culturel de Bouffémont, sur le thème : « Peut-on fonder une morale sans Dieu ? »

Les invitations aux deux prochaines manifestations de l’association du Chemin du philosophe  ont été rappelées : 
-         Samedi 17 mai 2014 : AG+ fête annuel 2014. Salle polyvalente , rue du Moutier, Moisselles (95).Téléchargez le programme et le bulletin d'inscription.

-         Samedi 14 juin 2014 (8 h 30 à 19 h 30 environ) : excursion en car à Senlis, 2000 ans d’histoire et d’architecture, et Chaalis., l’abbaye, le musée, la roseraie. Bulletin d’inscription à télécharger.

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Les thèmes des deux prochains cafés philo sont :

-         Vendredi 30 mai 2014 : « La consommation dans nos sociétés pervertit-elle la démocratie ? » Daniel Croquette participera à la présentation.
-         Vendredi 27 juin 2014 : «  Le renoncement fait-il partie du bonheur ?» Arlette Coutin participera à la présentation.

Le thème du café philo de ce soir a été préparé et animé par Catherine Delaunay et Pierre Haller

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Contributions de nos amis philosophes européens qui nous ont écrit  

Wladimir Gutowski a invité ses amis européens à nous adresser leurs réflexions sur le thème de la morale sans Dieu. Les contributions des philosophes belges Anne-Marie Roviello et Baudouin Decharneux sont reproduites ci-après. La contribution, plus longue, de Jerzy Ochmann, professeur de philosophie à l’université jagellonne de Cracovie (Pologne) est téléchargeable ici. Patrick Duprez, un habitué de notre café philo, nous a également adressé sa contribution téléchargeable ici.
Merci pour ces contributions.

+ Anne-Marie ROVIELLO, professeur de philosophie, nous écrit : « Pour résumer ma position en un mot : l'éthique comme exigence et aspiration est à elle-même sa propre légitimation, non seulement elle n'a nul besoin d'un "fondement", mais lui en attribuer un extérieur à elle donc, ce serait nier l'éthique dans son caractère inconditonné (ce que je distingue d'"absolu"). Inconditionné : qui a sa condition, en lui-même, l'éthique trouve la condition de son sens en elle-même.
Pourquoi faut-il respecter l'égale dignité des hommes ? Parce que l'égale dignité des hommes. La réponse (sur le "fondement") est dans la question. »

+ Le professeur de philosophie de l’ULB Baudouin DECHARNEUX nous écrit :
« Il tombe sous le sens qu'on peut fonder une morale sans Dieu et qu'on peut être immoral avec Dieu. L'art de gérer les mœurs (donc la morale étymologiquement) ne dépend pas d'une référence à la transcendance mais nécessite l'identification de principes ayant une valeur transcendantale. Ainsi, il existe des sociétés faisant référence aux ancêtres, aux dieux, à dieu, ce qui montre bien qu'il n'est absolument pas nécessaire de faire référence à un Dieu. Lier la morale à un Dieu équivaut à adopter une lecture monothéisme du monde sans mise en perspective critique. » 

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Contribution de Catherine Delaunay

Peut-on fonder une morale sans Dieu ?

Nous vivons aujourd'hui dans des sociétés sécularisées, laïques. La morale s'y est émancipée de la religion, comment poser pareille question ?
          Pourtant le grand sociologue français du 19ème siècle, l'un des fondateurs de la sociologie, Emile Durkheim, a montré dans ses travaux que les morales étaient nées dans le giron des religions.
          Même dans les religions animistes, puis polythéistes, les premières formes de religions, les éléments de la nature divinisés incarnaient des symboles moraux, par exemple : le feu signifiait la pureté, la terre la fécondité. Et les cultes des ancêtres, les cultes des morts, les cultes des héros fournissaient des modèles, de conduite vertueuse.
          A fortiori dans la religion judéo-chrétienne, il y est affirmé que Dieu a fait don des tables de la loi à Moïse. Les dix commandements constituent le socle de la morale occidentale.
          Dans la religion musulmane, le Coran contient lui aussi de nombreuses règles de vie concernant les aliments autorisés ou défendus, les relations entre les hommes et les femmes, l'éducation des enfants, le mariage, le travail, les devoirs de prières, de pèlerinage etc.
          Mais pourquoi aujourd'hui, alors que nos sociétés sont devenues indépendantes de la religion, reposer cette question qui pourrait paraître dépassée : "Peut-on fonder une morale sans Dieu"
          Est-ce dû à l'ère du relativisme, du nihilisme, de l'hédonisme, nous éprouvons quelques regrets, quelque nostalgie ? Est-ce que nous craignons que si Dieu ne fonde pas ou plus la morale, celle-ci ne s'effondre, c'est un peu ce que pensait le grand écrivain russe du 19ème siècle Fiodor Dostoïevski lorsqu'il fait dire dans les frères Karamasov : "Si Dieu n'existe pas, tout est permis". Est-ce que nous craignons que toutes les valeurs ne se valent ? C'est ce que proclame le relativisme : (tout est relatif). Est-ce que nous craignons que rien n'ait plus de valeur ? (c'est ce que proclame le nihilisme : nihil signifie rien en latin – la morale n'aurait plus de raison d'être). Est-ce que nous avons peur d'en être réduits à idolâtrer des substituts de la morale comme : le plaisir (hédonisme), la consommation (consumérisme), le progrès (progressisme), la liberté des paradis artificiels comme les drogues ? Tous ces objets sont presque divinisés aujourd'hui.
          Dans cette question, il y a un verbe très important, le verbe "fonder". Pour l'expliquer, on peur procéder par analogie, une analogie toute simple, celle qui compare le fondement de la morale aux fondations d'une maison.
          Les fondations d'une maison ce sont les bases, les assises, les soutiens de la maison, c'est-à-dire toutes les opérations et tous les matériaux que l'on pose en premier, pour assurer la stabilité de l'édifice. Sans ces fondations solides, la maison risque de s'effondrer. La naissance de la maison, nous la devons d'abord à des bases fermes, mais aussi à ce qu'on pourrait appeler sa raison d'être, c'est la volonté du bâtisseur qui veut habiter ou vendre cette maison. Enfin le concepteur a procédé à des choix techniques, esthétiques, écologiques et autres pour rendre cette maison agréable à vivre : on dira que c'est sa légitimité, ce qui justifie cette forme de maison et pas une autre.
          Le fondement de la morale serait de la même manière, d'abord ce qui soutient la morale d'un point de vue théorique et historique : c'est en premier sa source, ses origines (d'où vient cette morale historiquement ?) Mais c'est en second lieu aussi à sa raison d'être, son pourquoi, (pourquoi l'homme se met-il en quête de morale ? D'où vient qu'ait pu s'éveiller en l'homme cette idée de morale ?  demande Arthur Schopenhauer, philosophe allemand du 19ème siècle dans son livre "Le fondement de la Morale". C'est enfin sa légitimité (qu'est-ce qui justifie la morale et plus particulièrement cette morale-ci ? Y-a-t-il une justification suprême, ultime, dernière, incontestable, irréfutable qui serait la meilleure de toutes, par exemple une morale fondée sur Dieu ? Ou bien n'y en a-t-il pas ? Et dans ce cas toutes les morales se vaudraient, voire aucune morale ne vaudrait grand chose, thèse que soutiendra le grand philosophe allemand de la fin du 19ème siècle, Friedrich Nietzsche.
Donc la notion de foncement contient rigoureusement ces trois composantes : l'origine historique, la raison d'être qui lui donne du sens et la légitimité. Nous nous servirons de ces 3 critères pour évoquer d'abord une morale fondée sur Dieu.
La morale c'est l'ensemble des règles de conduite recommandées et interdites dans une société : être juste, sincère, courageux, ne pas mentir, trahir, nuire aux autres.
C'est le système des valeurs qui prescrivent ce qui est bien et mal. La morale existe indépendamment du fait que les hommes lui obéissent ou au contraire la transgressent.

Le verbe pouvoir : ici peut être pris dans deux sens : "Peut-on"
1)       C'est d'abord : est-ce possible théoriquement, historiquement, logiquement, philosophiquement, c'est-à-dire, trouve-t-on des arguments capables de mettre en évidence les origines de la morale, mais aussi sa raison d'être et sa justification ultime.
2)       C'est ensuite : est-ce souhaitable ? Faut-il ? Doit-on ? serait-ce préférable d'asseoir la morale sur Dieu ?
Dieu :
          Evidemment nous savons tous que dans l'histoire le divin a pris des formes très différentes selon les sociétés, les religions, les traditions spirituelles comme en Inde, en Chine par exemple où le Bouddhisme, le Confucianisme ne comportent pas de dieux à proprement parler.
          Il faudrait pouvoir débattre de toutes les formes différentes de divinités en correspondance avec les différentes formes de morales, ce qui n'est pas possible dans le cadre d'un exposé de 20mninutes. On peut remarquer d'ailleurs que dans le polythéisme grec puis romain, les divinités n'arboraient pas toujours des comportements très moraux. De l'animisme, au polythéisme, au monothéisme, la problématique change !
          Pour simplifier le sujet, je propose de partir de la conception actuelle du divin comme d'un principe absolu, transcendant incarnant la même perfection. Ceux qui souhaitent se situer dans le cadre judéo-chrétien peuvent ajouter l'idée d'un Dieu personnel et d'un Dieu d'amour.
          D'ailleurs pour que le sujet revête du sens, il faut que le Dieu en question soit considéré comme parfait, doté d'une sagesse infinie, un dieu qui se tromperait ou nous tromperait, un dieu immoral lui-même, imparfait, ne pourrait en aucun cas fonder la morale. Le sujet deviendrait absurde et insensé.
          Je vous propose donc 2 parties : la première qui envisage la morale fondée sur Dieu, les arguments qui la fondent. La seconde qui évoque les objections à cette morale d'essence divine pour lui préférer une morale humaine.

I.         Quelle serait la supériorité d'une morale fondée sur Dieu ?

1.        Le premier argument est l'argument historique. Si l'on prend comme exemple la morale judéo-chrétienne, on en connaît les sources, les origines dans la religion du même nom. D'ailleurs bien des philosophes contemporains, pourtant athées et faisant profession d'athéisme, reconnaissent que la plupart des grandes valeurs morales à l'œuvre dans nos sociétés sont issues de la religion : compassion, vérité, courage, justice, humilité, fraternité, générosité, etc.
Des philosophes comme André Comte-Sponville ou Luc Ferry reprennent ces propos dans leurs ouvrages. Ils viennent confirmer les analyses sociologiques de Durkheim. C'est parce que ces valeurs émanent de commandements divins qu'elles n'étaient pas facultatives, pas contestables et qu'elles devaient être obéies absolument même si dans les faits elles étaient souvent violées.
Et d'ailleurs de grandes figures spirituelles ont mis en pratique cette morale : les apôtres et disciples du Christ d'abord, les martyrs des premiers temps de l'histoire du christianisme, les saints, les fondateurs d'ordre religieux comme François d'Assise, Vincent de Paul, Dominique, Thérèse de Lisieux qui nous proposent des modèles concrets de conduites exemplaires et presque surhumaines parfois.
Cette morale est donc fondée historiquement, elle obéit au premier critère.

2.        Mais second argument, Dieu constitue une autorité suprême infaillible parce qu'il est l'absolu, l'infini, la toute puissance, m'omniscience, la perfection? Donc au-dessus de l'homme, au-dessus des sociétés, il assure une garantie, un garde-fou à une morale qui n'est pas seulement à la mesure de l'homme, qui n'est plus un simple produit de l'esprit humain. La morale n'est plus relative, changeante, variable, arbitraire, subjective, imparfaite, humaine rien qu'humaine.
D'ailleurs l'homme possède t-il le savoir et la sagesse pour créer lui-même de toute pièce une morale digne de ce nom ? L'homme peut-il décider seul, de ce qu'est le bien de ce qu'est le mal ? La morale fondée sur Dieu parait en ce sens beaucoup plus légitime que toute autre. Elle s'impose par l'autorité même de son auteur divin.
La morale risque toujours de se dégrader en simple conformisme, en simples usages et coutumes tout juste capables d'assurer la cohésion sociale. Des philosophes comme Michel de Montaigne au 16ème siècle ou Blaise Pascal au 17ème siècle ont insisté sur l'aspect constitutionnel et arrangé de nos morales.
La morale risque, aussi de subir l'influence des pouvoirs en place, dans les régimes autoritaires voire totalitaires, la morale s'altère rapidement dans le régime nazi, l'annonce du prochain souffrait soudainement de nombreuses exceptions, les handicapés, les tziganes, les juifs en étaient exclus. Ils devaient même être éliminés.
Bref, on perçoit ici que la morale est vite corrompue, pervertie par nos sociétés ; rappeler ses origines et ses exigences permet de la restaurer dans une certaines pureté. La morale d'essence divine ne recherche pas seulement l'utilité sociale, la cohésion sociale, un vivre ensemble stable, elle veut élever l'homme, le pousser à se dépasser.
C'est en ce sens que le philosophe français Henri Bergson dans "les Deux sources de la morale et de la religion" évoque deux sortes de morales : la première "la morale close" faite de préceptes, de règles un peu mièvres, de rituels de politesse parfois insipides, conservateurs, traditionnels, vise surtout à maintenir l'unité de la société.
En revanche "la morale ouverte" d'inspiration chrétienne nous propulse au-delà de nous-même, parfois même vers des actes héroïques. C'est l'œuvre de Dieu qui en est la loi suprême. Cet amour peut irriguer des règles de vie authentiques. Les valeurs morales si elles ont leur source en Dieu découlent de sa nature parfaite et conservent la marque de cette filiation divine qui incline au don, à la charité, à la générosité, à un amour cette fois inconditionnel et sans failles.
Quelle morale humaine serait capable de promouvoir des modèles de conduite aussi exigeants que ceux que l'Evangile propose ? Faire le sacrifice de sa vie ? Renoncer à ses biens et à tout enrichissement ? Tendre l'autre joue quand on reçoit un coup sur la première ? Se préoccuper d'abord des pauvres, des malades, des mourants, des plus démunis, comme le fait mère Térésa avant de penser à ses propres affaires ? etc.
Ce second argument a mis en évidence la légitimité de cette morale.

3.        Il nous reste à entrevoir le 3ème argument concernant le fondement comme raison d'être.
Dans ce cas de la morale chrétienne, c'est l'amour qui constitue cette raison d'être. Dieu aurait créé l'homme par amour pour faire partager au genre humain ce projet d'amour, possible en partie sur cette terre, et réalisable en totalité pendant la vie après la mort. Nous comprenons donc le pourquoi de cette morale, son sens, et le sens que peut prendre notre vie par elle.

4.        En même temps nous sommes propulsés sur la vie de l'espérance : car la mort n'est pas plus une fin en soi, un philosophe comme Emmanuel Kant, philosophe allemand de la fin du 18ème siècle affirmait qu'il était contraint intellectuellement, philosophiquement, de poser les postulats de l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'âme pour assurer justement la pérennité de la morale. Le raisonnement était le suivant : certes on ne peut pas "démontrer" – "déduire" l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme, mais on doit affirmer comme des propositions indémontrables, mais exactes, des postulats (qu'on demande d'accepter : posturale en latin signifie demander), parce que sur terre nous n'avons ni le temps, ni les moyens de devenir saint et parfait. Or, par sa raison et sa conscience morale, l'homme exige la perfection, il lui faut donc toute l'éternité pour s'accomplir. C'est la morale ici qui paradoxalement exige et l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme c'est-à-dire la religion. Ce n'est plus la morale qui est fille de la religion c'est l'inverse. C'est la religion qui devient fille de la morale.
On voit donc par ces arguments qu'une morale fondée sur Dieu est possible. Mais est-elle souhaitable ?
Pourtant évidemment dans ce cas la morale présuppose la croyance, la foi. Or croire en Dieu n'est plus très répondu aujourd'hui particulièrement en Europe, et la foi n'est pas donnée à tous.
Et puis surtout cette conception de la morale se heurte à beaucoup d'objections, de critiques, quelles sont-elles ? Est-ce qu'une morale humaine rien qu'humaine serait préférable ? Mais serait-elle fondée philosophiquement ?
Ici je vais juste énumérer quelques arguments sans développer ; ce sera notre travail dans le débat.

II.        Les difficultés d'une morale fondée sur Dieu. Quelle morale pourrait être fondée sur l'homme ? Idée d'une morale naturelle ? Idée d'une morale laïque ?

1.        Première difficulté : une morale fondée sur Dieu suppose déjà l'adhésion à une religion. Cela suppose la croyance, la foi.

2.        Qu'en sera-t-il pour les non-croyants, les agnostiques et les athées, seront-ils condamnés à être privés de morale ?

3.        Mais de quel Dieu parlons-nous quand nous parlons de fonder la morale sur Dieu ? Sont-ce les divinités de l'animisme que l'on trouve toujours en Afrique ? Certaines formes de polythéisme ? Est-ce le Dieu de l'ancien testament, surtout tout puissant, voire vengeur ? Est-ce le Dieu amour du nouveau testament ? Est-ce le Dieu de l'Islam interprété de si différents manières ? Est-ce le Dieu des philosophes dont parle Blaise Pascal avec mépris, lequel prendra des statures particulières. Par exemple chez Voltaire, le grand horloger, chez Rousseau, l'auteur de la nature et de toutes choses, qui s'adresse au cœur d'abord. Donc incertitude sur le concept de Dieu ici.

4.        Historiquement la morale inspirée par la religion judéo-chrétienne a hélas conduit au meilleur comme les figures spirituelles évoqués tout à l'heure, mai aussi au pire : l'inquisition, les croisades, les guerres de religion et toutes les formes de fanatismes, aujourd'hui d'intégrisme qui affectent les religions et sectes de toutes sortes. Si c'est Dieu qui commande il n'y a plus de discussion possible, cela risque malheureusement de conduire souvent à une morale intransigeante, trop sûre d'elle-même, tyrannique, excessive, intolérante. La collusion entre la religion et la morale est plutôt dangereuse.

5.        Mais surtout rien ne prouve que ceux qui se réfèrent à une morale d'essence religieuse se comportent plus moralement que les autres. C'est une question impossible à évaluer, à mesurer, mais nous avons tous à portée de main des exemples et contre-exemples qui peuvent démontrer tout ce que nous voulons.

6.        Enfin on n'a pas besoin de croire en Dieu pour juger que l'amour est préférable à la haine, la vérité au mensonge, la justice à l'injustice, la générosité à l'égoïsme, le courage à la lâcheté, etc.
Même si ces valeurs ont eu dans le passé une origine religieuse, aujourd'hui elles sont sécularisées, elles appartiennent à une morale humaine tout à fait humaine voir laïque.
 

QUELS SERAIENT LES AVANTAGES D'UNE MORALE HUMAINE ?

          Elle serait fondée sur l'autonomie de l'homme, sur sa liberté, sur un homme qui se suffit à lui-même, un homme considéré comme majeur, capable de se passer de la tutelle d'un Dieu.
          Elle serait applicable quelles que soient les croyances, les religions ; elle serait adaptable à chaque époque, chaque pays, chaque culture.
          Elle serait réaliste et pas utopiste, pas idéaliste, pas angélique comme les morales d'essence religieuse qui exigent peut-être des conduites surhumaines.
          Elle éviterait l'intolérance, le fanatisme, la démesure, l'excès, l'obscurantisme.
          Elle pourrait dériver de la raison, commune à tous les hommes. Est-ce que l'homme par sa raison, par sa conscience n'est pas capable de distinguer le vrai du faux ? Le Bien du mal ? Cette Conscience que Rousseau apostrophait ainsi "conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix …".
          Est-ce que la morale et la religion ne sont pas deux registres très différents ? L'une concerne la terre, les rapports des hommes entre eux, l'autre concerne le ciel et les rapports des hommes avec Dieu. C'est entre autre un des apports de la laïcité et de la loi 1905 de la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
          D'ailleurs déjà Saint Paul rappelait aux juifs que ceux qui n'ont pas la loi de Dieu peuvent "naturellement" accomplir le bien par le pouvoir de leur raison. Saint Thomas d'Aquin reprendra ce propos au 13ème siècle affirmant qu'il existe dans le cœur de l'homme "une loi naturelle" qui n'a pas été totalement pervertie par le péché originel, et qui lui permet de distinguer le bien du mal et donc de se conduire loyalement. Rousseau reprendra largement cette idée : la morale appartient à la nature humaine. En particulier le sentiment de "pitié" témoigne de cette morale naturelle. La pitié, Rousseau la définie comme suit "répugnance innée à voir souffrir son semblable". Et Rousseau est persuadé que tout homme est doté de cette faculté même s'il peut s'y soustraire, faire taire ses sentiments innés et devenir cruel même en face de la souffrance qu'il génère lui-même. Toujours faire la différence entre la morale comme sentiment et la morale comme pratique.
          Curieusement François Jullien, philosophe contemporain, sinologue (spécialiste de la Chine), explique dans son ouvrage "Dialogues sur la morale" que le grand philosophe chinois du IVème siècle avant notre ère : "Mencius" fonde la morale lui aussi comme Rousseau sur "un sentiment d'humanité" commun à tous les hommes qui les empêche d'être indifférent à la souffrance d'autrui.
"Quiconque voit un enfant sur le point de tomber dans un puits est saisi d'une violente frayeur et se précipite pour le sauver" et il précise que ce n'est ni pour se concilier les bonnes grâces des parents ni pour s'attirer les éloges des voisins et aussi ce n'est ni par réflexion, ni par calcul. C'est une conduite spontanée et désintéressée.
          Alors c'est vrai que ces morales humaines, on peut les fonder de bien des manières différentes. Sur les usages et coutumes comme Montaigne et Pascal (Pascal qui affirmait par ailleurs dans "Les Pensées" :"La vraie morale se moque de la morale" sur des sentiments innés comme Mencius et Rousseau.
          On peut la fonder sur le plaisir comme Epicure, sur la raison comme les Stoïciens, puis Kant.
          On peut la fonder sur l'utilité sociale comme certaines sociologies le font.
          On peut la fonder sur la liberté comme la morale existentialiste de Sartre.
          On peut la fonder sur l'homme en général comme le préconise Luc Ferry dans "L'homme-Dieu" où il parle de morale humaniste. Mais s'agit-il de véritables fondements ? Ou bien les morales humaines sont-elles condamnées à une certaine incertitude ? A une certaine variabilité ?
          Avant de répondre directement à la question, il me semble qu'il serait utile d'évoquer les arguments qui pourraient nous inciter à fonder la morale sur Dieu. J'ai proposé quelques arguments, mais il y en a d'autres.
          Et ensuite, nous verrons si aujourd'hui cette morale fondée sur Dieu concerne tout le monde et à quelles critiques elle se heurte.
          Je signale aussi que l'on pourrait si l'on voulait traiter le sujet de manière exhaustive envisager ce fait qu'il soit impossible de "fonder" la morale sur des bases sûres. Un philosophe comme Marx voyait dans la morale une expression de la classe bourgeoise dirigeante et exploitante, qui dans la société capitaliste veut maintenir et consolider l'ordre établi. Sous l'idéologie des valeurs du bien et du mal, elle cache les vraies injustices, les vraies inégalités liées à des intérêts divergents des classes antagonistes. Un philosophe comme Nietzsche dresse une typologie des différentes morales selon les instincts à l'œuvre derrière les conduites dites morales. Il accuse par exemple, la morale chrétienne d'être une morale grégaire, de troupeau qui assouvit des instincts de ressentiment, de vengeance contre les forts pour justifier sa véritable faiblesse.
          Freud, fondateur de la psychanalyse expliquera que la morale dérive de mécanismes psychiques : la conscience morale n'est que le résultat de la constitution du sur-moi qui n'est dû lui-même qu'à l'introjection durant l'enfance de l'image idéalisée des parents.
Alors la morale se réduit comme peau de chagrin à peu de choses. On peut en expliquer la production la généalogie dit Nietzsche, mais la fonder n'a plus de sens. Il faudrait alors refuser le sujet !

CONCLUSION PLUS PERSONNELLE

          Fonder la morale sur Dieu présuppose la croyance religieuse et là chacun est renvoyé à ses options personnelles.
          Même si aujourd'hui une morale humaine et laïque est possible et souhaitable, il me semble que néanmoins la morale a besoin que Dieu et la religion existent "quelque part" pour incarner un langage, celui d'une aspiration à la transcendance, à l'absolu, à l'infini, à la perfection. Dieu et la religion expriment cette quête, cet appel, une élévation vers un sens ultime et invisible, une espérance aussi. Peut être n'y a-t-il pas grande différence entre l'athée et le croyant du point de vue de la conduite morale. En revanche, comme le remarquait Pascal, l'athée ne peut rien espérer, pour lui la mort est une fin inexorable. Pascal disait que l'athée ne pouvait échapper au désespoir au sujet de la mort.
          C'est important aussi de ne pas oublier l'origine divine de toutes les valeurs qui nous paraissent essentielles. Ce qui fait la valeur de sa vie ce n'est pas, ni qu'on se compare à une "morale close" faite d'usages et de coutumes, ni que sa morale soit fondée sur Dieu, c'est la quantité et la qualité d'amour, de vérité, de courage que l'on met dans ses actes en créant, en inventant sa conduite au jour le jour comme "la morale ouverte" de Bergson nous y invite.
          Personnellement je pense assez comme Mencius et Rousseau qu'au fond de notre conscience, il est un sentiment d'humanité naturel à l'homme : il y a des actes et des souffrances qui nous paraissent insupportables, intolérables : "Il est au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu …. et c'est à ce principe que je donne le nom de conscience" Emile, de Rousseau.
Mais notre conscience peut être aveuglée, obscurcie par notre égoïsme, notre intérêt ou par les idéologies, les pouvoirs en place.
S'il existe une "morale naturelle", la morale d'essence religieuse ne vient que cautionner la première. Certains se suffisent de cette morale naturelle, d'autres ont besoin de se fonder sur Dieu, mais la morale humaine, naturelle ou pas, n'est pas fondée car sa raison d'être nous échappe.
Enfin, il faudra une fois réfléchir à l'affaiblissement de la morale dans nos sociétés, aux raisons qui vont dans ce sens et en même temps au fait que nous adorons des objets de substitution comme le plaisir, la consommation ou les drogues.

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Contribution de Pierre Haller

Définition de la morale
La morale est un sous-ensemble des règles de conduites humaines. Ces règles fixent des devoirs individuels ou collectifs reposant sur la vertu qui distingue le bien du mal. L’éthique concerne la morale des pratiques et des normes de certaines activités humaine telles que la bioéthique, la médecine, l’environnement ou les affaires. La déontologie concerne les règles et les normes morales propres  à une profession (médecine, justice, police, journalisme, etc.)
Les règles morales peuvent être de simples habitudes d’un lieu et d’une époque. Elles peuvent aussi prétendre à l’universalité par une certaine représentation de l'être humain (droits de l'homme).
La valeur morale d'une action est définie d'après ses finalités, ses conséquences, son utilité ou les moyens utilisés et/ou d'après sa conformité à des valeurs transcendantes.

Le point de vue religieux du fondement de la morale
+ Pour le croyant, l’univers est créé par Dieu avec une certaine intention à laquelle l’homme doit se conformer. Sans Dieu, cette intention à l’origine de toute existence s’évanouit et l’homme est libre de toute moralité. Pour l’athée, il n’y aurait pas d’intention dans le monde. Alors il fonderait sa morale sur rien, elle serait arbitraire. Toute morale se fonde sur une autorité qui établie des devoirs. Si Dieu est cette autorité, alors la morale est inscrite dans la nature même des choses qu’il a créées, elle est universelle et indiscutable. Si l’homme est son propre chef, il n’a pas de devoir, ce n’est pas donc pas une morale.
La morale athée serait comme une voiture ayant des freins mais sans moteur, l’athée n’est moral que lorsqu’il se retient, lorsqu’il agit, il est amoral.
+ Selon Mircea Eliade (1907-1986), historien des religions, « plus l’homme il est religieux, plus il est réel ».
+Le philosophe Pierre Bayle (1647-1706) a reconnu : « Un athée peut être vertueux, aussi sûrement qu’un croyant peut ne pas l’être. »
+ Bien que ne disposant pas de chiffres statistiques, il ne semble pas que la morale religieuse soit une motivation de la plupart des personnes qui s’engagent aujourd’hui dans l’action humanitaire et caritative.

Les points de vue athées du fondement de la morale
+ Le philosophe André Comte Sponville (né en 1952) a un programme d’envergure, qui vise à faire de l’athéisme une valeur d’avenir. Pour lui, un athée peut bien faire siennes les valeurs judéo-chrétiennes (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas convoiter l’épouse du voisin…). La morale n’est pas un monopole du religieux.

+ Le philosophe Michel Onfray (né en 1959), dans son Traité d’athéologie (2005), se montre très virulent contre les religions et les conséquences de leurs morales: « Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la loi et la croyance, l’obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l’au-delà, l’ange asexué et la chasteté, la virginité et la fidélité monogamique, l’épouse et la mère, l’âme et l’esprit. Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré. »

Le taoïsme est une philosophie et une religion chinoise se réclamant de 2500 ans d’histoire. Les rapports des hommes à Dieu, aux dieux, aux divinités ou à l’invisible sont complexes. Les fondements de la morale, tout comme ceux de la santé de l’esprit, du corps, de la société ou de l’univers, reposent sur l’équilibre des complémentarités, du yin et du yang. Le taoïsme propose le « non-agir », l’acceptation de la réalité.

« L'homme suit les voies de la Terre, la Terre suit les voies du Ciel, le ciel suit les voies de la Voie, et la Voie suit ses propres voies. » Lao-Tseu

Selon une tradition issue du Talmud, il existerait de par le monde, à chaque génération, 36 justes. S'ils venaient à disparaître, le monde serait détruit. Rien ne les distingue apparemment des autres hommes et souvent eux-mêmes ignorent qu'ils font partie des 36 Justes, d'où l'idée qu'ils sont « cachés ». En hébreu, ils se nomment les Tsadikim Nistarim (צדיקים נסתרים), c'est-à-dire les « Justes cachés », ou encore les Lamed Vav Tsadikim (ל"ו צדיקים), c'est-à-dire les « 36 Justes5 ».
La tradition veut que si quelqu'un prétend être l'un des 36, c'est la preuve positive qu'il ne l'est certainement pas. Du fait que chacun des 36 est un exemple anavah, (d'humilité), cette vertu même leur interdit de s'auto-proclamer comme faisant partie des justes. Les 36 sont simplement trop humbles pour croire qu'ils sont l'un des 36.
Le mémorial du camp de Drancy, reprenant la symbolique des Lamed Vav Tsadikim, représente les deux lettres lamed etvav, en hommage aux anonymes qui ont sauvé des Juifs de la persécution.

La nature est amorale
+ Selon la science académique, la vie sur terre a évolué depuis 3,5 milliards d’années sans considérations morales. Cette vie fonctionne sur la base des cycles de la biomasse impliquant l’interaction de prédateurs et de proies. Une espèce est la nourriture ou le parasite d’une autre. La souffrance est un moyen de régulation du comportement des individus. Les êtres vivants sont essentiellement inégaux face au bonheur, à la maladie, au handicap, à la souffrance, à leur place dans leur société. Bien des souffrances n’ont pas de sens. Les êtres vivants sont en proie à des besoins et des désirs dont ils ne sont pas entièrement responsables. "C'est la vie, ça... Tous les jours des innocents meurent, sans savoir pourquoi. » d’après les humoristes Pierre Dac (1893-1975) et Francis Blanche (1921-1974).
+ La science contemporaine a toutefois mis en évidence des comportements altruistes chez certaines plantes et certains animaux qui pourraient constituer les rudiments de morale.
+ Selon la théorie du gène égoïste du biologiste britannique Richard Dawkins (né en 1941), théorie datant de 1976, les plantes et les animaux ne sont que des véhicules utiles à la prolifération de celui-ci. La morale est un des moyens parmi d’autres qui optimise la survie d’une des espèces servant de véhicule. 

La morale nécessaire à la survie de l’espèce humaine
A cause de ses capacités cognitives et de sa technologie, l’homme est une espèce qui n’a plus de prédateur et qui n’est plus régulée naturellement. Un comportement amoral conforme à la loi naturelle du plus fort conduit l’homme à détruire la biosphère hormis les espèces nécessaires à sa survie immédiate. Le comportement amoral conduit aussi à la domination d’un groupe unique qui, à son tour, pourrait finir par s’auto détruire. Une morale transcendante semble donc nécessaire à la survie de l’espèce humaine dont le cerveau peut être une malédiction s’il sert uniquement à être le plus fort. La morale est l’intelligence du cœur. Elle comble les lacunes de la raison.

La morale du mal
+Tous les êtres naissent, vivent et meurent sans connaître le vrai sens de leur bonheur ou de leurs souffrances. « Je ne sais pas si Dieu existe. Mais s'il existe, j'espère qu'il a une bonne excuse » a dit l’humoriste Woody Allen (né en 1935).
+ Emmanuel Levinas (1906-1995) parle de l’impensable de Dieu. Il est transcendant jusqu’à l’absence, notamment au cours de la Shoah. Dieu est dans l’autre.
+ Jésus(env. -5 à + 30), lui-même, mourant sur la croix, prononça ses ultimes paroles : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
+ Chez les humains, le sens de la souffrance injuste se construit a posteriori. Cette souffrance institue la compassion, incite à développer les sciences, notamment médicales et politiques. Beaucoup de religions, civilisations, cultures ou nations s’appuient sur des crimes fondateurs (Abel et Caïn, Jésus, Osiris, le parricide Œdipe, le génocide amérindien,l’ esclavage, la Shoah, Hiroshima et Nagasaki). 
+ La théodicée (du grec Θεοũ δίκη, « justice de Dieu ») est une explication de la contradiction entre l'existence du mal et la toute-puissance et la bonté de Dieu. Elle tente de prouver que, malgré le mal ou grâce à lui, l'histoire a un sens, une direction et que son développement aboutira au bien.  C'est la théorie de Leibniz (Essais de théodicée), de Kant (Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique), de Hegel (La Raison dans l'histoire), de Rousseauet des Lumières en général. Voltaire a critiqué la théodicée dans son conte philosophique  Candide notamment en rapport avec le tremblement de terre de Lisbonne en 1755.

Le point de vue anthropologique
+ Toutes les sociétés se sont dotées de codes moraux et des us et coutumes pour permettre la vie en société, pour assurer la survie du groupe. Ces codes ont fait l’objet de processus adaptatifs avec beaucoup d’heurs et de malheurs au cours de l’évolution. Les croyances religieuses ont souvent servies de fondement à ces codes, puisqu’elles facilitent l’autocontrôle de chaque individu qui se sent sous le contrôle de puissances surnaturelles omniprésentes. Dans certaines sociétés traditionnelles l’individu en tant que tel n’existe qu’en fonction du groupe, de sorte qu’il s’insère quasi automatiquement dans les comportements collectifs.
+ Toutes les civilisations se sont dotées de formes de religions faisant appel à un monde surnaturel. Qu’il existe réellement ou qu’il s’agisse d’un pur artéfact, ce monde surnaturel est structurant pour la psyché individuelle et pour les sociétés. Les villes se construisent autour des temples. La transcendance assoit l’autorité. Mis la transcendance doit elle empêcher de discuter les valeurs ?
On peut noter que toute structure, naturelle, vivante ou technologique est intégrée dans un ordre supérieur, transcendant, différent d’elle. L’ordre transcendant sert au fonctionnement de l’ordre immanent et réciproquement. La vie sur terre fonctionne grâce au système solaire. Un ordinateur fonctionne grâce aux humains. La morale laïque ou religieuse fait appel à un ordre transcendant qui lui donne du sens. Le caractère utilitaire de la morale semble nécessaire mais pas suffisant, il lui faut un minimum de transcendance. En effet au nom de l’utilité, on peut justifier n’importe quoi.
L’histoire montre que l’auto-référence, c’est-à-dire le narcissisme, des institutions porteuses de la morale religieuse ou laïque conduit souvent à son contraire, à la barbarie.
+ Les avancées morales de l’humanité sont redevables aux complémentarités, parfois aux oppositions, de la culture, de la religion et des lois de la cité. La laïcité a été le moteur essentiel dans les sauts qualitatifs de la morale publique au cours des derniers siècles : abolition de l’esclavage, droit de l’homme, émancipation des femmes, abolition de la peine de mort, éradication des crimes d’honneur, démocratie, reconnaissance de la diversité culturelle, tolérance, prise en compte de la souffrance en médecine (notamment des bébés), respect de la vie animale, respect de la nature. La souffrance n’est plus un moyen de gagner le ciel. La culture laïque, du moins dans les pays évolués, a permis de rendre leur dignité aux catégories ostracisées notamment par les religions : enfants illégitimes (enfants du péché !!), homosexuels, couples divorcés, femmes avortées, castes d’intouchables. Les malades mentaux ne sont plus considérés comme des possédés du diable, même s’ils constituent encore quelque 50 % des populations carcérales et des SDF.
+ On assiste aujourd’hui à des replis identitaires au nom de la morale. L’occident serait un repaire du mal dans la propagande islamiste ou même « de pédophiles et d’homosexuels » pour les russophones d’Ukraine refusant l’Europe !
+ Les pouvoirs politiques ont joué un rôle important dans le contrôle des dérives des pouvoirs religieux et réciproquement. Selon le philosophe Jacob Rogozinski (né en 1953) les sorcières ont été bien plus et plus longtemps massacrées au cours des 16ème et 17ème siècles dans un pays politiquement morcelé comme l’Allemagne avec des justices locales qu’en France, un pays déjà centralisateur.
+ L’éthique constitue un processus fondamental de l’hominisation de l’espèce humaine.

Le point de vue des neurosciences cognitives
+ La morale a un fondement neurobiologique. L’homo sapiens sapiens sait qu’il sait, qu’il pense, il est capable penser et de ressentir ce que l’autre pense et ressent. Il possède des neurones miroirs qui remplissent cette fonction. Il est aussi capable de libre arbitre. Des atteintes neurologiques, des pulsions, des drogues ou des pressions psychologiques peuvent altérer les comportements moraux.
+ Le besoin de transcendance semble inhérent au processus cognitif humain. L’homme sait penser sa propre pensée. Sa quête de sens est sans fin. Le besoin de s’élever au-dessus de soi-même est une fonction neuronale.
+Selon le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux (né en 1936 à Domont),  nous serions des êtres neuronaux, au sens où tout ce que nous faisons, pensons et sentons est une fonction de l’architecture de nos cerveaux. Cette vision matérialiste des neurosciences pourrait saper les fondements moraux de notre
société, en fragilisant ses piliers que sont le libre arbitre, la responsabilité, l’identité individuelle et le jugement moral. Quelles limites devrons-nous imposer aux développements neurotechnologiques, qui offriront bientôt la possibilité de modifier le fonctionnement cérébral, en bien comme en mal ?
Kathinka Evers, professeur au centre de recherche en éthique et bio-éthique de l’Université d’Uppsala (Suède) répond dans son ouvrage « Neuroéthique : quand la matière s’éveille. » Odile Jacob 2009 : « La signification, le sens, la dignité, la raison d’être, et autres notions si chères aux humains ne sont pas perdues pour nous du fait d’être des constructions qui dépendent de notre architecture cérébrale »,
Elle ajoute : « La personne humaine n’est entièrement déterminée ni par ses gènes ni par son histoire. Une variabilité permanente caractérise l’activité neuronale qui peut donc, d’une façon qui restera toujours imprévisible, basculer vers l’honneur ou vers l’horreur»
+ L’émotivité est la base neuronale de la morale. Le cerveau déroule sa propre histoire.
+Même chez certains animaux, des « valeurs » comportementales sont transmises de générations en générations de manière épigénétique, telles que les soins aux nourrissons, la protection du groupe, l’entre aide, le secours mutuel. Leur libre arbitre existe, mais semble plus limité que chez les humains.

La morale et les dieux antiques
+ La pièce de théâtre Antigone de Sophocle, datant de 441 av. J.-C., illustre le conflit des lois des dieux et des hommes. Au prix de sa vie et au nom de la loi supérieure des dieux, Antigone brave l’interdiction du roi Créon de procéder aux rites funéraires pour son frère Polynice, considéré comme traître à la cité. Ismène, la sœur d’Antigone, bien que du même avis qu’elle, refuse de la suivre dans sa révolte  « je cède à la force, je n'ai rien à gagner à me rebeller », dit-elle. Le chœur des vieillards de Thèbes reste docile au roi. Antigone et Créon sont des obstinés qui s’enferment dans leurs certitudes. Ils symbolisent la lutte de l’idéalisme contre le réalisme politique. Antigone et Créon, c’est l’affirmation de soi qui exclut les autres, conduisant à la solitude, caractéristique de ces héros supérieurs au commun des mortels. L’un comme l’autre sont responsables de la tragédie qui les emporte, eux et leur entourage. Hémon, le fiancé d’Antigone et fils de Créon, ainsi qu’Eurydice, sa mère, se suicident. Ismène est également condamnée. Ceux-ci, qui ont cherché à concilier les antagonistes, sont les représentants d’une position humaine raisonnable, leurs morts signifient leur échec, l'impossibilité de modérer les pulsions quasi pathologiques des deux héros, Créon et Antigone.
Il est intéressant de noter que la pièce Antigone de Jean Anouilh a été représentée pour la première fois au théâtre de l'Atelier à Paris le 4 février 1944, durant l'occupation allemande. La pièce a été applaudie par les militaires allemands présents car ils n’auraient uniquement retenu qu’Antigone a reçu un juste châtiment pour sa rébellion contre l’autorité du roi.
+ La littérature est un vecteur de transmission de morale et de contre morale.

La morale et sa pratique
+ La morale se heurte à des limites économiques, physiques voire métaphysiques, notamment dans le domaine du vivant ou des maîtrises des risques. Limiter les risques, soigner des malades sont des devoirs moraux mais jusqu’où ? La vie humaine n’a pas de prix, pense-t-on. Mais de fait, pour conduire l’action il faut quand même lui en attribuer un. Dans les aménagements routiers, dans les passages à niveau des chemins de fer, dans les primes d’assurance, dans les coûts des soins en fin de vie les responsables sont obligés de prendre en compte, souvent implicitement, de valeurs de la vie humaine. Pour indécent que soit ce concept, la valeur de la vie statistique (VVS) est de 5 millions d’euros.
+ Le respect de la vie et de la dignité humaine soulève un problème de savoir où l’individu et la société placent le curseur. La technologie médicale peut maintenir un organisme presque indéfiniment en semblant de vie. L’euthanasie « naturelle » en fin de vie qui consiste à laisser mourir de soif est-elle morale ? Qu’est-ce qu’une morale « raisonnable » ?
+ Où est le juste curseur dans une action de licenciements de personnel pour sauver une entreprise ?  

La morale sexuelle, une morale utilitaire transcendée
+ L’ordre démographique et social est sous-jacent à la morale sexuelle. Il convient d’assurer la pérennité de l’espèce, de réguler les naissances en fonction des ressources, d’assurer la protection et l’éducation des enfants, d’organiser la société autour de la famille. La sexualité humaine est porteuse de transcendance comme de violence qu’il convient de maîtriser. La morale est un facteur de régulation faite de tensions permanentes entre le désir et son contrôle.

Dans les sociétés traditionnelles, les constructions monumentales de pyramides, de temples, de cathédrales, de grandes murailles, etc. ainsi que les guerres ou les migrations avaient aussi pour fonction d’éloigner les mâles de leurs compagnes à la fois pour limiter les naissances et pour renouveler parfois le patrimoine génétique par de nouvelles rencontres.
+ La prostitution, bien que problématique vis-à-vis de la dignité humaine, participe à la régulation sociale de la sexualité d’une part en servant d’exutoire aux pulsions hormonales, essentiellement des mâles ; d’autre part sa condamnation et le mépris dans le langage commun pour les prostituées  servent de contre modèle. La morale profite de son contraire.
La morale laïque en matière sexuelle, qui reconnaît la liberté des pratiques entre adultes consentants, se montre plus sévère que celle de bien des religions dans les domaines de la pédophilie, du viol, de l’inceste ou de la violence conjugale.
+ Le contrôle des naissances par la contraception permet à la fois la maîtrise des explosions démographiques, la vie plus digne des citoyens et l’épanouissement des personnes à travers la relation amoureuse. Bien que stigmatisé par certains religieux se référant à une volonté divine, ce contrôle des naissances représente un progrès moral par rapport à la régulation démographique par les avortements sauvages, les maladies, les guerres, l’infanticide ou la misère. La situation est encore bien réelle dans certains pays, où le développement humain (infrastructures, sécurité, santé publique, démocratie, Etat) creuse son retard sur la démographie galopante. Actuellement plus d’un milliards de personnes dans le monde vivent dans des bidonvilles ; deux milliards sont prévus en 2030. (La population de la Côte d’Ivoire a été multipliée par cinq depuis l’indépendance en 1960, c’est comme si la France comptait aujourd’hui 300 millions d’habitants.)

L’instrumentalisation de la morale
+ La morale est souvent instrumentalisée par les individus, par les institutions, par les politiques ou par les entreprises commerciales. Elle sert de cosmétique.
+ Elle sert à se rassurer soi-même en se positionnant comme vertueux ou en se plaignant de l’immoralité du monde. « Morâleur » est un mot valise qui pourrait désigner une espèce très répandue de râleurs contre le monde au nom de la morale.
+ Elle sert à dénigrer les adversaires. « Le barbare, c’est l’autre. »
+ Elle sert à avancer masqué.
+ Elle sert à manipuler des militants ou combattants pour une juste cause apparente.
+ Il existe un affairisme alimenté par les valeurs morales (campagnes par l’industrie de greenwashing (écoblanchiment) pour l’environnement, de pinkwashing pour l’homophilie ou pour le cancer du sein, (Téléthon ?). Les hauts salaires des dirigeants des grandes ONG, les coûts des campagnes de publicité caritatives, l’utilisation des fonds recueillis, les fortunes et héritages des institutions religieuses ou humanitaires, les bénéfices et détournements de l’argent public par des complexes médico-industriels, sécuritaires, culturels ou environnementaux, sont souvent alimentés par des discours moralisateurs et compassionnels.
+ Les institutions caritatives, les ONG, outre leur objet premier, fournissent du confort moral au donateur : « Je donne, donc je suis moral ».
+Beaucoup de médias (presse, télé, internet) basent leur fonds de commerce sur l’indignation ou la compassion au nom de la morale.
+ Les discours politiques, même les plus nauséabonds, en appellent toujours à certaines valeurs morales comme la justice, la vérité, la liberté, l’égalité, la fraternité, la compassion.
+ Les républiques qui se proclament haut et fort démocratiques ne sont de loin pas les plus démocratiques, elles sont parfois même carrément kleptocratiques.
+ La morale d’un discours se juge à ses résultats. Il est possible que son instrumentalisation soit parfois nécessaire à l’obtention de résultats. Mais la vigilance et l’esprit critique restent indispensables.

La fragilité de la morale avec ou sans Dieu
+ Les sept péchés capitaux : l’orgueil, l’avarice, l’envie, la colère, la luxure, la paresse, la gourmandise sont inhérents à la nature humaine en tout temps et en tout lieu. Leur régulation par la morale participe au fonctionnement de la société et la rendent viable.
+ Le discours moralisateur est relativement facile à formuler. Le comportement vertueux, quant à lui, est facile ou difficile en fonction du contexte. L’immoralité humaine peut être pire que l’amoralité de la nature. L’homme peut être pire que le loup pour l’homme.
+ De l’individu à l’Etat, l’histoire humaine est remplie d’actes de barbarie :
maltraitance, injustice, bombardement de villes, génocides, déportations, croisades. Souvent de fausses bonnes raisons, d’apparence morale, ont été invoquées.
+ Dieu est souvent instrumentalisé encore aujourd’hui lorsque des chefs de guerre veulent avoir leur part aux ressources de matières premières.
+ La maltraitance des personnes sans défense n’est pas rare dans des institutions se réclamant de l’intérêt moral supérieur (écoles publiques ou religieuses, maisons de retraites, hôpitaux, police, justice, prisons, etc.)
+Le pervers narcissique qui sévit dans les institutions, entreprises et dans les familles harcèle son entourage le plus souvent au nom de valeurs morales supérieures.

L’obéissance source de l’immoralité
+ L’obéissance à l’autorité et la capacité de révolte sont épigénétiquement ancrées dans les comportements humains, notamment moraux.
+ L’expérience de Milgram indique que le sens moral peut se perdre par la soumission à une autorité lorsque celle-ci incite à la torture, par exemple.
+ L’article du Monde du 4/4/14 à l’occasion du 20ème anniversaire du génocide du Rwanda en 1994  « Comment devient-on bourreau ? »,  est un dialogue entre le cinéaste Rithy Panh (Cambodge), l’écrivain Jean Hatzfeld et l’historien Jacques Sémelin.  Quelques phrases sont à noter :
« Je me suis rendu compte que créer un bourreau est bien plus facile que ce que l’on croit. Il suffit pour cela de donner le pouvoir et d’exercer la terreur simultanément sur un même individu. ...
Les têtes pensantes étaient, selon moi, les plus dangereuses, parce que les plus zélées..
Trente ans plus tard, on remarque que ce ne sont pas les moins éduqués qui ont le plus de mal à saisir les conséquences de leurs actes, mais les intellectuels. Ils n’arrivent pas à s’affranchir de quarante ans d’idéologie, ils se pensent toujours dans le cadre de l’exercice de la loi...
Un instituteur rwandais disait que la culture ne rend pas l’homme meilleur, mais qu’elle le rend plus efficace. Penser que les gens cultivés auraient pu être des garde-fous est parfaitement faux, ils se sont comportés exactement comme les autres....
Avant tout massacre, il y a une idée. Douch (le Khmer rouge) était un instituteur, professeur de mathématiques, licencié de littérature, féru de Marx, de Mao et Staline. Il a passé sa vie en prison, il avait manifesté contre la corruption, l’injustice et le mépris de la bourgeoisie intellectuelle citadine pour les classes populaires....
Et, comme dans tout projet idéologique, il faut manipuler le langage puisque les mots sont le support des gestes. ... Le parti est devenu l’Etat, la question de l’impunité ne se pose même plus puisque tous ces massacres se font dans le cadre de la loi...
Citation de Tacite (58-120) : « Quelques-uns l’ont voulu, d’autres l’ont fait, tous l’ont laissé faire. »...
Le massacre est avant tout un processus mental qui déforme les représentations de l’autre, au point qu’il devient possible de violer, de torturer ou de tuer. Les nazis ont eu une perception délirante et fantasmatique des juifs.... Il fallait rassembler les juifs en troupeaux pour qu’ils perdent toute individualité et que les bourreaux perçoivent des masses et non des êtres humains...
Beaucoup de bourreaux se sont tournés vers la religion, pour obtenir la rédemption sans avoir à s’investir dans la société. C’est plus facile pour eux que pour les victimes...
Je ne pense pas qu’on puisse un jour éradiquer des modes de pensée qui consistent à accuser l’autre d’être responsable d’une situation de crise. Citation d’une jeune agricultrice rwandaise : « S’il y a eu un génocide, il peut y en avoir un autre, puisque la cause est toujours là et qu’on ne la connaît pas.»...

La morale de la débrouille
+ L’Etat de droit et la démocratie donnent idéalement aux citoyens les moyens de se comporter normalement et moralement. Cependant cet idéal n’est jamais parfait. Il n’est par exemple pas possible de concilier totalement liberté, égalité et fraternité, mais cela peut être un objectif.
+De l’article de l’écrivain algérien Samir Toumi dans le Monde du 6 avril 2014 « Au cœur du chaos algérien »  il se dégage un sentiment de déliquescence des repères moraux dans ces sociétés où s’entrechoquent la tradition moyenâgeuse et la modernité d’Internet. Il évoque « les jeux opaques entre états-majors de l’armée, des services secrets et des politiques » ; « les apparatchiks se cachant derrière les vitres fumées des limousines noires » ; le besoin « d’exister hors des circuits officiels totalement dépassés par la vitalité d’une société qu’ils ne peuvent comprendre ni accompagner » ; « la parole se construit déjouant les perpétuels obstacles générés par des institutions autistes » ; « Réfléchir, aussi, sans l'aide de ces élites déconnectées, tenant des discours d'un autre âge. Et pour moi, quotidiennement, déambuler et me perdre dans les rues, arpenter la Toile, m'insinuer dans cette énergie du désespoir, contempler cette créativité de la débrouille, faire que chacun de mes actes, porteurs de mon silence, devienne un hymne à la liberté ». Mais s’agit-il uniquement de l’Algérie ?
+ Lorsque l’Etat est carrément déficient, voire scélérat, ses fonctions essentielles sont prises en charge par des institutions religieuses comme dans certains pays africains, par des économies souterraines ou par des clans.
+ Les meilleures notes de l’indice de corruption dans le monde vont aux pays à majorité protestante (Danemark). Ils sont aussi ceux des meilleurs indices de développement humain : éducation, sécurité, emploi, santé (Norvège). La France est en 25ème position sur 178 pays pour la corruption et en 20ème pour le développement humain.
+ La morale est-elle donc facteur de développement humain ?

Quelle morale pour le XXIème siècle ?
+ Toutes les nations affrontent aujourd’hui de nouveaux défis de la morale par la diversité culturelle, les crises d’identité, l’immigration, Internet, les risques numériques sur les libertés, le changement climatique, les crises financières, la démographie, la pauvreté, la limitation des ressources, la criminalité internationale.
+ Une morale humaniste est confrontée à trois injonctions : la pratique, la raison et la transcendance. Elle ne sera jamais parfaite mais elle peut espérer le moindre mal.
+ Une morale avec Dieu ? Pourquoi pas. Mais pas uniquement, et avec prudence.

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Propos entendus

-         La morale fonde la religion.
-         Pourquoi a-t-on fondé la morale sur Dieu dans le passé ?
-         La morale fait partie de la conscience, qui reste un mystère.
-         Le monde vient du passé.
-         La morale est un pacte.
-         Elle n’est pas démontrable.
-         Peut-elle être universelle et intemporelle ?
-         Si Dieu existe comment passe-t-il les consignes aux hommes ?
-         Les morales humaines et divines se rejoignent par l’intuition.
-         L’intuition est la conversation avec Dieu.
-         Dans le temps, il y avait chaque jour un cours de morale dans les écoles laïques pour éveiller la conscience à la vie en société.
-         La morale participe à la quête de sens collective et individuelle.
-         Les morales individuelles et collectives sont liées.
-         Si le fondement de la morale est en Dieu, cela voudrait dire que Dieu est moral.
-         Certaines sociétés fonctionnent sans dieux.
-         La morale dépend du contexte spatio-temporel.

-         La sécurité est le besoin premier de l’homme.
-         La sécurité et le sens !
-         Dans chaque société, il y a une morale. Toute morale est relative.
-         Les sociétés criminelles ont aussi leurs codes.
-         Bergson distingue les sociétés closes et ouvertes. Les sociétés actuelles sont de plus en plus ouvertes.
-         Les religions sont de moins en moins crédibles.
-         Il n’y a de morale qu’humaine. La transcendance aide à la construire. Il faut toujours une transcendance.
-         La morale et Dieu ce ne me tiennent pas à cœur.
-         Les droits de l’homme sont apparus après les catastrophes du 20è siècle.
-         Des actes immoraux peuvent découler d’intentions morales.
-         La morale n’est que personnelle.
-         La moralisation du capitalisme est possible.
-         Les lois succèdent à la morale
-         Dans certains cas le crime peut être salvateur.
-         Il y a des lois scélérates.
-         La religion catholique est loin d’être morte. Un million de croyants vont se réunir prochainement à Rome.
-         La société s’arrange toujours avec la morale.
-         Les êtres évoluent, la morale le doit aussi.
-         La morale est élastique.
-         Le fondement de la morale sur Dieu est un fait historique.
-         Ne pas infliger l’humiliation à l’autre.
-         Il y a des embryons de morale chez les animaux. Elle est nécessaire à la survie. L’homme est en danger. La morale est une astuce de la nature.
-         La morale ne nous aide pas beaucoup pour certaines questions comme l’euthanasie. Elle a des limites. La loi dit ce qui est légal et non ce qui est moral. Celle-ci gère des priorités, par exemple pour l’IVG : la liberté ou la vie !
-         Il n’est pas sûr que la morale soit utile pour les choix scientifiques.
-         Pour vivre ensemble il faut des règles. Si Dieu n’existe pas, il faut quand même une autorité.
-         Dieu et la religion, ce n’est pas la même chose.
-         L’homme est fragile et dangereux.
-         La morale laïque est nécessaire tout comme la religion.
-         Dieu est cette quête et l’espérance que la mort ne soit pas une fin en soi.
-         Il faudrait réfléchir sur l’affaiblissement actuel du sens de la morale.  


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Autres sources de réflexion

+Forum de philo.org